BARDA
Frédéric Lavoie (Montréal)
2 juin au 26 juin 2011
Salle Norman-McLaren de la Cinémathèque québécoise
Récipiendaire de la bourse PRIM-Dazibao 2010-2011, Frédéric Lavoie propose trois œuvres inédites qui poursuivent ses recherches sur les relations entre l’audible et le visible. En évitant à dessein les parcours univoques, l’artiste révèle les déplacements, décalages, scissions et autres diffractions qui surviennent dans le rapport entre son(s) et image(s) dès lors que l’un ne se pose pas en support inerte à l’autre.
Pour Barda, l’artiste a filmé des séquences tout à fait familières mais pleines de potentiel sonore : le jardin, la promenade, le chantier, et autre. Ayant laissé ces scènes muettes, il a invité trois bruiteurs à en recomposer le son. Les bandes sonores qui en résultent sont diffusées synchrones dans l’espace d’exposition. Le spectateur les entend simultanément ou peut se rapprocher d’une des sources pour isoler (imparfaitement) une des bandes. Au-delà des moments et des lieux qu’ils semblent décrire, ces quelques tableaux, traçant l’irrévocable interstice entre son perdu et son reconstitué, entre le chevauchement des images et leurs interprétations, documentent le doute, un espace-temps rendu incertain.
Le Bruit et le silence dans les livres de Marguerite Duras est un film muet sans image composé exclusivement de sous-titres. Non sans ironie, Frédéric Lavoie a extrait des œuvres de Duras toutes les phrases contenant les mots bruit, silence, écouter ou entendre pour écrire, à partir de ces extraits, une histoire « typiquement durassienne » qui défile en sous-titres.
146 secondes d’écoute active avec John est le résultat d’un découpage plan par plan de la séquence initiale du film Blow Out de Brian de Palma dans laquelle le protagoniste assiste à un accident alors qu’il enregistre les sons ambiants, en qualité de preneur de son.
Entre le non-dit, le non-révélé, ce qui est donné à voir et à entendre, Frédéric Lavoie développe un langage inusité qui force l’image et le son à dialoguer autrement, au-delà de l’écho ou de l’appui mutuel attendus.
Frédéric Lavoie vit et travaille à Montréal. Après un baccalauréat en anthropologie, il obtient une maîtrise en Arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal. Son travail a été présenté entre autres à la Galerie de l’UQÀM, à SKOL, à B-312, à la Vancouver Art Gallery ainsi qu’au Musée régional de Rimouski et lors de plusieurs manifestations vidéo internationales telles le European Media Art Festival (Allemagne); le Split Film Festival (Croatie); Antimatter et Signal and Noise (Colombie-Britannique) de même qu’au Festival International du film du l’art. Il est le récipiendaire 2008 de la Bourse Plein sud et a séjourné en résidence à la Cité Internationale des Arts à Paris.
Je remercie la Fonderie Darling de m’avoir permis de séjourner aux Récollets, à Paris, où s’est amorcée la réflexion entourant la production de Barda, Stéphane Cadote, Alexis Farand et Benoit Cool pour avoir accepté de jouer le jeu fastidieux du bruitage dans cette même œuvre, Bruno Bélanger et l’équipe de PRIM pour l’accès privilégié au studio de son ainsi que Martin Hurtubise, pour son sens méticuleux de l’écoute lors du mixage sonore. Je remercie également Yasmine Amor de m’avoir aidé à décrypter la conversation du couple dans la séquence de Blow Out, de même que Guy Asselin et Natasha Prévost pour avoir trouvé les livres de Marguerite Duras alors que je séjournais dans la forêt. Finalement, j’aimerais remercier Étienne Fortin pour le souci du détail lors de l’assemblage et de l’impression de la pièce 146 secondes d’écoute active avec John et l’équipe de Sagamie. Je remercie également le Conseil des Arts du Canada pour son soutien financier.
Frédéric Lavoie
Dazibao remercie l’artiste et PRIM de leur généreuse collaboration ainsi que ses membres pour leur soutien.
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