Out of Genres, in Gender
Keren Cytter (Berlin)
11 septembre au 9 octobre 2010
Salle Fernand-Seguin de la Cinémathèque québécoise
Dans des œuvres courtes et fortes, Keren Cytter s’approprie divers topoi du cinéma de genre – film noir, mélodrame, roman-savon, et cætera – pour dévoiler, suivant une trame fragmentée, le destin de personnages impuissants face aux conventions qui les régissent, qu’il s’agisse de structures sociales, familiales ou de conventions du récit.
Issus d’une culture où l’image apparaît désormais comme fondement principal de notre rapport au réel, ses personnages existent en périphérie d’un script excessif qui les inhibe, infiltrant les dialogues avec des notes techniques, erreurs de sous-titres, répétitions ou commentaires superflus, imposant phrases et comportements stéréotypés à leurs sentiments déchirants. Devant cet état de fait, l’espoir utopique d’un retour aux choses vraies n’est qu’un cliché parmi d’autres. Ce faisant, ses œuvres ne sont pas a priori subversives : elles disent cette réalité nouvelle et le choc violent qui survient lorsque celle-ci (imparfaite) se heurte au scénario (parfait).
Programme :
Untitled (Cross, Flowers, Rolex), 2009, triptyque, 15 min : Chacun des films trouve son origine dans un fait divers effarant relaté sur Internet : après qu’on lui ait tiré une balle dans la tête une femme se relève vivante; un homme se lance deux fois du haut du cinquième étage sans mourir; en cinq secondes, en pleine rue, un homme reçoit onze coups de couteau puis meurt.
Four Seasons, 2009, 12 min : Mélodrame néo-noir aux relents absurdes et surréalistes dans lequel Lucy, une voisine dérangée par la musique, fait la connaissance d’un homme qui s’entête à l’appeler Stella.
The Coat, 2010, 5 min 30 : Un triangle amoureux composé de deux frères obsédés par les sudokus et d’une magnifique jeune femme venue d’Allemagne de l’Est.
Der Spiegel (Le Miroir), 2007, 4 min 30 : Une femme nue et mûre attend dans un appartement vide qu’un beau jeune homme la sauve de la solitude. Un chœur accompagne et commente ses aventures et découvertes, jusqu’à la chute.
Untitled, 2009, 9 min : Reprenant à sa manière Opening Night de Cassavetes, le film relate, sur la scène d’un théâtre, l’histoire vraie d’un garçon qui, par jalousie, a tué l’amie de son père, l’actrice principale.
Peacocks, 2009, 8 min : Une aventure sans lendemain est relatée en une série de chapitres fragmentés.
Née en Israël en 1977, Keren Cytter est une prolifique artiste, chorégraphe, romancière et conceptrice sonore établie à Berlin. Elle s’est rapidement imposée comme l’une des artistes actuelles les plus importantes. Dans les dernières années, ses œuvres ont été présentées, entre autres, à la Tate Modern (Londres), au Moderna Museet Stockholm, au Witte de With Center for Contemporary Art (Rotterdam), de même qu’à X Initiative (New York) et à Artspeak (Vancouver). En 2009, elle a été l’une des quatre finalistes au prestigieux Prix de la Nationalgalerie pour la relève. Son travail est présenté à Montréal pour la première fois.
Dazibao remercie l’artiste, la galerie Pilar Corrias de Londres et la Cinémathèque québécoise de leur généreuse collaboration ainsi que ses membres pour leur soutien.
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