© Saskia Holmkvist, In Character (2008)
Saskia Holmkvist (Suède)
15 septembre au 8 octobre 2011
Mardi au samedi, de midi à 17 h
Salle Fernand-Seguin de la Cinémathèque québécoise
Le programme débute à l’heure juste et dure 50 minutes
Entrée libre.
Ce que parler veut dire.
Ce programme réunit six courts métrages de Saskia Holmkvist et explore le langage et comment celui-ci agit. Ces films révèlent un paradoxe : si le langage sert à exprimer la pensée qui le conduit, il façonne également cette pensée en la forçant à adopter ses schèmes à travers tout un système de conventions. En rendant visibles les structures du langage verbal et non-verbal, ces « formes observables et analysables » qui régissent nos rapports sociaux, intimes, politiques, jusqu’à l’image qu’on se fait de soi-même, l’artiste met à l’avant-scène l’aspect performatif intrinsèque à la condition humaine. Elle secoue ainsi l’idée que le sens, immanent, repose à l’intérieur – du récit, du personnage – et qu’une communication sincère suffit à le révéler. Déplaçant nos attentes quant à la vérité, l’authenticité, Holmkvist se joue des codes de communication pour détourner le sens vers ces mêmes codes, vers l’extérieur. Ainsi, la scène jouée ou narrée sert avant tout à mettre au jour le plus de systèmes possibles, à étudier leurs rapports, à les décomposer.
Dans ces conditions, qu’en est-il de la sincérité, de l’authenticité? What seems familiar can be completely unknown (Blind Understanding) – Si le langage ne permet pas la connaissance, alors à quoi sert-il? Et comment connaître?
Appuyé sur un savoir jugé authentique le pouvoir est vite légitimé. Qui plus est, la maîtrise des codes garantit aux yeux de ceux qui ne les voient pas cette précieuse légitimité. Ainsi posées, ces questions conduisent tout droit à celle (explosive) du pouvoir lié à toute connaissance. Sous des dehors nets et des scénarios impeccablement mesurés, l’œuvre de Saskia Holmkvist montre la violence qu’engendrent la manipulation, les malentendus, l’adaptation continuelle aux normes de toutes sortes. Comme quoi être authentique s’avère parfois fort éloigné d’être crédible et n’assure d’emblée aucune légitimité.
Programme:
Eight martini, 4 min, 2004
Interview with Saskia Holmkvist, 8 min 40, 2005
In Character + Role Control, 9 + 8 min, 2008
Blind Understanding, 13 min, 2009
System, 5 min, 2001
Au cours des dernières années Saskia Holmkvist, à travers une pratique allant de la vidéo, à la performance et aux projets in situ, poursuit une recherche artistique sur les rapports entre l’authentique et le crédible. Ce faisant, elle explore de quelle manière se négocient les rôles que l’on endosse et comment les structures se trouvant au cœur du langage influent, d’une manière presque politique, sur ces positions. Son intérêt porte sur ce qu’il y a derrière les apparences d’un dialogue ou celles d’une culture : manipulations, stratégies, malentendus, traductions et autres. Pour les mettre au jour, l’artiste emploie des approches conceptuelles et méthodologiques empruntées à diverses pratiques artistiques ou académiques telles que le journalisme, le théâtre, le documentaire ou la psychanalyse. Des professionnels de différents horizons sont invités à prendre part aux projets : conseillers en recrutement, médiateurs des Nations Unies, interrogateurs de police, psychothérapeutes, coachs en communication, narrateurs de films documentaires. L’artiste tente d’établir autour d’eux un cadre de rencontres menant à un échange de savoirs ou encore à un conflit d’intérêts, qu’elle reprendra par la suite dans l’œuvre. Le but de ces expériences est d’observer de plus près de quelle manière tout langage, qu’il soit verbal ou non, est utilisé pour dominer un acte de communication.
Dazibao remercie l’artiste et la Cinémathèque québécoise de leur précieuse collaboration, ainsi que ses membres pour leur soutien.
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