THE 1ST PART OF THE 2ND HALF
Stephen Andrews (Canada)
10 octobre au 9 novembre 2002
Une rencontre avec Luce Des Aulniers, anthropologue et professeure spécialisée en études de la mort au Département des communications de l’UQÀM, dans le cadre de l’exposition The 1st part of the 2nd half de Stephen Andrews.
Le discours entourant le SIDA et sa représentation a servi de moteur au travail de Stephen Andrews depuis plus de dix ans, générant des corpus d’œuvres qui examinent l’amour, la mort, le deuil et la survie. Dans The 1st part of the 2nd half, une production récente, l’artiste imagine un futur; une chose simple et naturelle mais qui, pour ceux atteints par le virus du SIDA, était impensable il y a quelques années.
Les films fixes, agrandis et construits, de Stephen Andrews sont suspendus à travers toute la galerie, leur aspect physique soulignant une répétition, une éphémérité et une fragilité inhérentes à l’iconographie portée. Utilisant le motif du film comme dispositif formel, l’artiste présente une image de temps arrêté, dans laquelle une minute peut être vue alors qu’elle se décompose en centaines d’images constituantes. Les œuvres qui font partie de The 1st part of the 2nd half combinent des images et des médiums différents comme la photocopie de photographies, le dessin et la captation de photogrammes vidéo. Ces images tissent ensemble des cycles personnels et culturels, créant un dialogue entre l’individu et la collectivité, et marquant un déplacement des préoccupations de l’artiste, passant du moi au social. Dans un récit fragmenté, l’artiste déjoue les points de vue et perturbe le déroulement du temps. Il débute avec une fin et, tel que suggéré par le titre, conclut avec un nouveau chapitre. Comme le dit Cheryl Sourkes, artiste et auteure : “Les images d’Andrews nous rappellent que la vie fraye avec le chaos.”
Luce Des Aulniers : Propos en résonance au travail de Stephen Andrews, 18h, jeudi le 10 octobre.
Luce Des Aulniers arpentera de manière transversale les motifs de l’oeuvre d’Andrews pour en tirer un dialogue entre deux thèmes : la saturation et la fraîcheur. De quoi sommes-nous saturés? Quels sont les messages et les risques de la répétition, souvent à l’identique? Et puis, la fraîcheur est-elle forcément garante de renouveau?
À travers ces questions et d’autres, mutines ou graves, c’est la radicalité des enjeux de vie et de mort que nous apercevrons, de même que la complexité contemporaine de leurs rapports.
Stephen Andrews est né à Sarnia en Ontario en 1956. Il a déjà utilisé trois de ses neuf vies à ce jour : une quasi-noyade, une overdose de drogue et un diagnostic de SIDA supposé incurable. Ces rencontres intimes avec la mort ont influencé son évolution de différentes manières. La dernière a mené à des investigation picturales de la mémoire et du chagrin et, plus récemment, à des projets appelés “films” dont hoi polloi et The 1st part of the 2nd half, qui indiquent un changement d’intérêt de la part de l’artiste, passant du personnel au social. Son travail a fait l’objet d’expositions à travers le monde et au Canada dont, récemment, des expositions personnelles dans les galeries et musées suivants : Paul Petro (Toronto), Art Gallery of Windsor, Justina Barnicke Gallery (Toronto), Lombard Freid Fine Art (New York), Mount St. Vincent (Halifax), Arcus Project (Moriya, Japon). Son travail a également été présenté dans des expositions collectives au CAM (Houston, Texas), au Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa), au Power Plant (Toronto), au Centre Saidye Bronfman (Montréal), à Fotofeis (Glasgow, Écosse) et au Museu De L’Arte Moderne (São Paulo, Brésil).
Luce Des Aulniers est travailleuse sociale en santé mentale, sociologue, aussi formée en histoire de l’art et en animation; elle a obtenu un doctorat en anthropologie (Sorbonne, Paris, 1989). Elle est professeure titulaire au Département des communications de l’Université du Québec à Montréal. Elle y a fondé un programme interdisciplinaire inédit en études sur la mort, champ de formation et de recherche auquel elle se consacre surtout sous l’angle des rapports entre la vie et la mort au quotidien : la peur et l’identité; femmes et hommes en regard de la mort; images et mort, incluant la création artistique; les changements dans les rites de mort; la maladie grave et ce qui s’y construit, le suicide, la demande euthanasique, etc.
Ses travaux sont reconnus dans la francophonie comme aux États-Unis et en Amérique du Sud pour leur ampleur interdisciplinaire, leur liberté associative. Elle dirige les travaux d’étudiants au sein de six universités, a contribué à quelque vingt ouvrages scientifiques et a publié plus de trois cents articles. En 1997, elle publiait, Itinérance de la maladie grave, le temps des nomades, aux éditions L’Harmattan, Paris.
Tweet