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  • Monique Bertrand

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UN FAIT DE PEINTURE


Monique Bertrand (Montréal)


16 mars au 16 avril 2000

Suite au cycle des Mémoires du dompteur de puces, avec lequel elle se fait connaître, les propositions de Monique Bertrand ont pris une dimension clairement installative. Toutes, elles illustrent la permanence d’un conflit non résolu entre la pulsion de mort qui travaille en silence, nourrie de lucidité inquiète, et les pulsions de vie qui ardemment ne demandent qu’à être réanimées. En résulte une inconfortable posture oscillant entre zones d’ombres et poétique du merveilleux d’où émane un regard compassé, mêlé de mélancolie, envers la condition humaine.

La présente exposition, traversée de multiples résonances picturales, réunit trois œuvres : Crooked Cross, Monstres\Saints et Un fait de peinture. Pour ces trois œuvres, toujours l’assemblage, la juxtaposition des parties, des supports, des matières et matériaux sont apparents et invitent à une construction sensible, organique, presque physique, du sens.

Dans Crooked Cross, une chair lumineuse pend à un crochet qui lui transperce la peau, laissant entrevoir un peu de ses fibres internes, comme de la bourre prête à se répandre. À proximité de la blessure, et au-dessus d’une croix curieusement attachée à la chair, s’impose le troublant éclat de l’œil. La forme blessée, tirée à échelle humaine, est de plain-pied avec le regardeur et semble s’écouler vers lui alors que des giclures sont figées, comme retenues en un point, sur l’image.

Pour sa part, Monstres\Saints, constitué de trois pièces, se heurte, pour la première fois dans le travail de l’artiste, à la représentation humaine. L’installation s’attache à transcender le devenir aberrant, soumis à l’observation médicale par le moyen du document photographique, de la matière charnelle chez des sujets cliniques souffrant de fortes difformités. Les corps frontaux et dévêtus sont monumentaux, accusent presque le double de leur taille. Enfermées dans d’écrasants caissons d’acier percés d’une fenêtre de plexiglas recevant de nombreuses altérations de surface et surmontées de loupes-écrans, ces figures sont dans un équilibre précaire, dangereusement basculées vers le regardeur. Enfin, Un fait de peinture, comme pour faire contrepoint aux œuvres précédentes, se fonde sur l’absence d’iconographie tout en retenant certains phénomènes picturaux emblématiques. Canevas, papier photographique d’un noir profond portant de fines craquelures, plaque d’acier recouverte de cuivre, bande réfléchissante de plexiglas et néon sont réunis dans un lieu elliptique. Assis à la place qui lui est désignée, le regardeur perçoit une vibration lumineuse diffuse, un réel vacillant et se mesure à la fragilité du visible.


Monique Bertrand est née à Montréal où elle vit et travaille. Son travail, discret mais troublant, est régulièrement exposé en solo au Canada. L’ouvrage Cimetières : la rage muette, publié aux Éditions Dazibao et réalisé en collaboration avec l’écrivaine Denise Desautels, a reçu les éloges de la critique. Monique Bertrand participait récemment à la très remarquée exposition Dards d’art. Mouches, moustiques… modernité, présentée au Musée Réattu à l’occasion des 30ième Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles.




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