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INCONJUGUÉ


Nicolas Renaud (Québec)


14 novembre au 14 décembre 2002

Nicolas Renaud est connu pour ses installations et bandes vidéo proposant des gros plans sur le corps qui unissent fonctions expressives et physiologiques dans un système propre à la tradition de l’action performative. Dans Parler de quelqu’un à soi-même (2000), par exemple, une bouche obstruée par de la glace s’exprime avec peine, puis lentement la glace fond et l’orifice dégoulinant devient un organe plus fonctionnel, retrouvant les sensations et une parole audible. Pour Articulations (1998), les paupières sont harnachées à la lèvre inférieure. Sous la torture de la prothèse, l’articulation de chaque mot soulève et tire les paupières sur les yeux.

Bien qu’en continuité avec le travail antérieur, Inconjugué, la nouvelle installation vidéo présentée à Dazibao, ainsi que les quatre courtes bandes qui l’accompagnent, se détachent du corps – à l’exception d’un gros plan inusité sur une bouche – et se distancient de la performance. Nicolas Renaud détourne sa caméra de lui-même. Des préoccupations fondamentales à son travail demeurent cependant : un seul plan, une prise de vue unique sans coupure où dans la durée l’image s’active, dans le temps la lumière se fait sur les choses. Loin de l’instantanéité, l’artiste recherche le moment de rupture dans le mouvement familier des choses.

Pour Inconjugué, dans des cadres fixes, découpés en tableaux pour que le spectateur puisse embrasser la totalité du plan d’un même regard, c’est la temporalité du représenté qui devient sujet, alors que différents moments d’un même plan, d’une même durée, surgissent simultanément. Tel le fleuve, au bas de l’une des images de ce dispositif, le temps s’écoule d’un cadre à l’autre. Mais si l’eau du fleuve doit symboliser le temps, elle est un tout uni, qui occupe tout son lit d’un même mouvement, et le présent qui défile sous nos yeux, d’un point de la rive, fut et sera présent ailleurs. Le titre peut donc signifier l’état de ces tableaux vidéo en l’absence du spectateur, avant qu’il y ait un sujet qui prenne position et dont le regard situe les choses dans le temps.


Né à Loretteville, dans la région de Québec, en 1974, Nicolas Renaud a fait des études en cinéma et en arts interdisciplinaires à l’Université Concordia. Ses bandes et installations vidéographiques ont récemment été présentées au Western Front (Vancouver), à Skol, centre des arts actuels (Montréal), au Musée des Beaux-Arts de Nantes (France), à la 3e Biennale internationale de photographie et d’art visuel de Liège (Belgique) et au Musée du Québec (Québec). Il est co-fondateur et co-éditeur du magazine en ligne Hors Champ, dédié à la réflexion critique sur les images, du cinéma d’auteur aux médias de masse. Dans le cadre des activités de Hors Champ, il a également organisé pour la Cinémathèque québécoise des événements spéciaux invitant les cinéastes expérimentaux Stan Brakhage et Peter Kubelka. Il est de plus l’auteur d’essais sur Donigan Cumming (Musée canadien de la photographie contemporaine, Ottawa, et Mois de la photo à Montréal) et sur Atom Egoyan (Revue de la Cinémathèque québécoise, Montréal).




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