Les heures d'argent, trois illuminations
Suzan Vachon (Montréal)
7 septembre au 8 octobre 2000
Repos et vertige – À la lumière diluvienne – Aux terribles soirs d’étude.
- Arthur Rimbaud, Mouvement
Artiste interdisciplinaire, Suzan Vachon questionne certains rapports de correspondance et d’interpénétration entre la sculpture et la vidéo, le cinéma, la littérature et la photographie, créant ainsi des œuvres émancipées de leurs limites traditionnelles. Présenté dans le cadre d’expositions, d’événements internationaux ou de projet d’intégration des arts à l’architecture, son travail récent dénote un intérêt marqué pour la mise en scène de la lumière. Ainsi, à l’origine de la recherche Les Heures d’argent, trois illuminations, il y a des fragments de textes issus des Illuminations d’Arthur Rimbaud dont la structure poétique, superbe fragmenté du discours, sollicite vivement chez l’artiste certaines analogies avec le caractère elliptique du montage vidéographique. Espace de références inoui, œuvre littéraire éminemment moderne, les Illuminations auront suscité l’apparition d’un réseau d’images qui se sont proposées puis imposées à l’artiste dans sa recherche, dans cette tentative de dilater la contingence de l’image, d’en ouvrir la forme autant que la signification.
… j’ai cherché à installer des conditions d’apparition d’images subites, à interroger certains phénomènes oscillatoires tels la présence, la disparition, la réapparition et à représenter ces phénomènes de façon lumineuse. Ainsi, la recherche consiste à révéler dans chacune des séquences des lumières inouies, qui, comme le suggère le titre, sont parfois tributaires de certains accidents atmosphériques. Chaque séquence, telle une « illumination » réfléchira donc la lumière comme phénomène. Parmi ces manifestations, nommons le mirage, le scintillement, l’éblouissement et le rayonnement, ce qui est auréolé.
De plus, préoccupée par certains états limites de l’image mouvement, j’utilise divers procédés syntaxiques comme autant de loupes temporelles qui exacerbent sa vitesse et la font basculer dans l’espace de l’impression plutôt que de l’expression.
Enfin, l’apport sélectif de fragments poétiques propose les mots comme étincelles acoustiques dans l’espace, instaure une tension avec l’image. Ils sont, non seulement un moyen d’augmenter sa capacité sémantique mais aussi, je l’espère, une manière toute particulière de l’étoiler.
- Suzan Vachon
Née en 1953, Suzan Vachon vit et travaille à Montréal. Elle enseigne à l’Université du Québec à Montréal et au département d’histoire de l’art de l’Université de Montréal. Après des études en joaillerie avancée au Mexique, elle obtient un baccalauréat multidisciplinaire (études cinématographiques, arts plastiques, histoire de l’art) et une maîtrise en arts plastiques. Depuis 1993, elle a réalisé plusieurs projets d’art public. Outre ces réalisations de facture monumentale, ses principales expositions démontrent une recherche où sculpture, vidéo, littérature, photographie et cinéma tissent de nombreux liens. Collaboratrice à diverses œuvres vidéographiques, ses réalisations ont été diffusées en de nombreux festivals internationaux notamment en France, en Espagne, en Italie et au Mexique.
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