Porcelaine
Carte grise à Evergon
Jennifer Campbell, Léopold L. Foulem, Eduardo Ralickas, Mackenzie Stroh, Evergon
17 avril au 24 mai 2003
Une publication bilingue accompagne l’exposition.
Transfigurer. Transformer en revêtant d’un aspect éclatant et glorieux. Transformer en donnant une beauté et un éclat inhabituels. Pour une esthétique de la transfiguration.
- Eduardo Ralickas, Transfiguration No. 1 (Fragments de porcelaine).
Carte grise permet annuellement de découvrir par le biais d’une exposition et d’une publication la vision particulière d’un artiste sur la photographie actuelle. Dans ce contexte, Evergon a choisi de nous présenter Porcelaine, une exposition réunissant des travaux de Jennifer Campbell, Léopold L. Foulem, Eduardo Ralickas, Mackenzie Stroh ainsi que quelques-unes de ses propres œuvres.
Avec Porcelaine, Evergon s’attarde à la surface des choses, au travail des apparences, aux parois souvent fragiles, parfois perméables, qui délimitent les espaces, les objets, qui circonscrivent les êtres, qui protégeraient de l’éclatement. De l’émulsion photographique à la glaçure propre à la céramique ou à la porcelaine, en passant par la peau, Evergon nous propose une lecture de la photographie se déjouant de sa supposée transparence, se jouant en transformation, voire en permutation ou même en transfiguration.
Les céramiques de Léopold L. Foulem se posent comme de débridés collages juxtaposant de manière anachronique motifs et formes. C’est tout le travail des apparences et du leurre, du kitch aussi, qui se déploient chez Foulem, un parfait travail des surfaces qui a mené la réflexion de cette Carte grise à Evergon. Même si elles empruntent aussi à cette idée de recontextualiser des motifs, de juxtaposer des images au voisinage incongru, les œuvres d’Evergon, pour leur part, proposent l’envers de la surface lisse de la glaçure. Les figurines photographiées sont abîmées, le corps de Margaret (la mère de l’artiste) est marqué par le temps et toujours cependant résiste le lustre uniforme de l’épiderme photographique. Surface brillante du papier photographique aussi travaillée par Mackenzie Stroh avec d’étranges autoportraits dont l’aspect vitrifié est décuplé par un important travail cosmétique de cet autre épiderme, la surface du visage. Pétrifiées et à la fois fragiles – tant psychologiquement que physiquement -, les différentes personnalités incarnées, transfigurées, par Stroh soulèvent des questions d’identité et de perception de soi en pastichant et en détournant l’univers publicitaire. Aussi présente dans ses œuvres, non pas en tant que sujet/objet mais plutôt en tant que corps performatif, Jennifer Campbell fait de son corps une surface, un territoire où s’ancre étrangement des objets banals, usuels. Les compositions colorées et épurées de Campbell donnent lieu à d’insolites transformations et permutations. C’est aussi autour de cette notion de permutation que s’articule l’œuvre visuelle et textuelle proposée par Eduardo Ralickas. En tentant d’arrêter par l’image et par les mots la chute fulgurante et le bris d’un objet fragile, Ralickas s’adonne à d’interchangeables traductions où le verbe tente de dire la photographie, où la sensation voudrait usurper la réflexion et vice-versa, dans les deux cas. Et pourtant, ce que l’on tente de mettre en mots et ce qui est donné à voir n’existe que sur la surface d’une image.
Originaire de Vancouver, Jennifer Campbell est née en 1976. Elle a complété un baccalauréat à l’Université de Victoria (1998) et travaille présentement à une maîtrise en beaux-arts, spécialisée en photographie, à l’Université Concordia à Montréal. Utilisant principalement la photographie, elle s’intéresse aux notions de transformation par l’usage de son propre corps comme objet performatif.
Également connu sous les noms de Celluloso Evergonni, Eve R. Gonzales et Egon Brut, Evergon est né à Niagara Falls, en Ontario, en 1946. Il a complété une maîtrise en beaux-arts au Rochester Institute of Technology à New York (1974). Il vit et travaille présentement à Montréal où il enseigne la photographie à l’Université Concordia. Dans son travail, Evergon se consacre en grande partie, mais non de façon exclusive, aux cultures gaies masculines. Sa carrière comme artiste se déploie sur une période de plus de trente ans et son travail a été présenté sur la scène internationale à maintes reprises dans des expositions et des publications.
Léopold L. Foulem est né à Bathurst au Nouveau-Brunswick en 1945. Il détient une maîtrise en beaux-arts de l’Indiana State University (1988); il vit et travaille à Montréal. Son travail en céramique défie les stéréotypes et pousse les limites traditionnelles de la forme et de la fonction. Il a une réputation internationale dans le milieu de la céramique et s’est mérité le Prix d’excellence Saidye Bronfman pour les métiers d’art (2001) et le Prix national Jean A. Chalmers pour les métiers d’art (1999).
Eduardo Ralickas est né à São Paulo au Brésil en 1976. Il détient un baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia à Montréal (2000) et poursuit présentement une maîtrise en histoire de l’art à l’Université de Montréal. Sa pratique se déploie sous plusieurs formes (photographie, installation, écriture) et cherche à tisser des liens inédits entre disciplines et médias.
Établie à Montréal, Mackenzie Stroh est une artiste dont la démarche s’appuie sur la photographie. Née en 1971, elle a complété un baccalauréat en “ Intermedia ” au Emily Carr Institute of Art and Design à Vancouver et une maîtrise en arts plastiques et photographie à l’Université Concordia à Montréal (2003). Sa pratique artistique traite principalement de portrait contemporain et de la représentation des femmes. Son travail a fait l’objet d’expositions individuelles et collectives au Canada.
Evergon souhaite remercier Margaret, son modèle préféré. Léopold L. Foulem remercie Prime Gallery et la galerie Lieu Ouest. Mackenzie Stroh remercie Alana Riley, Chris Dixon et Marisa Portolese de leur soutien.
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