Nostalgie de la lumière
Evgen Bavcar (France)
18 février au 21 mars 1999
Je vois des choses que les autres ne peuvent voir. Je vois le monde comme il pourrait être.
- Evgen Bavcar
À l’âge de onze ans, Evgen Bavcar perd progressivement la vue. Quelques années plus tard il prend ses premières photographies, déterminé à garder un lien avec le visible et à montrer que le monde des images peut, aussi, lui appartenir.
Si fugitive qu’en soit la présence, étant donné le caractère trop intellectuel de ma perception, le rêve de la chose inaccessible m’a amené un jour à prendre mes premières photos; bien entendu sans aucune prétention artistique, car leur enjeu esthétique ne m’est que vaguement accessible. La surface lisse des images prises par l’appareil ne s’adresse pas à moi, je n’ai qu’une trace matérielle de paysages et de gens que j’ai vus ou rencontrés. Ainsi mon regard n’existe-t-il que par le simulacre de la photo qui a été vue par autrui. Je me réjouis de cette grande inutilité. J’ai besoin de ce regard d’un autre pour que les images s’animent à l’intérieur de moi.
- Evgen Bavcar, Le voyeur absolu, Seuil, collection Fiction & Cie dirigée par Denis Roche, p.15.
Pour Evgen Bavcar, une photographie est d’abord un concept, une image mentale qui prend ensuite la forme d’un visage, d’un souvenir, d’une scène de ville, d’un objet, d’un paysage ou d’un rêve, mis en scène et capté par la caméra tel un œil libéré de son orbite.
Né en Slovénie en 1946, Evgen Bavcar vit et travaille principalement à Paris où il termine, en 1976, un doctorat en philosophie esthétique. Écrivain et photographe, il a publié, entre autres, Le voyeur absolu (Seuil), À la rencontre de l’ange (Janus Press) et Inaccessible étoile (Benteli). Il est régulièrement invité à titre de conférencier à travers l’Europe. Nostalgie de la lumière est la première exposition de ses œuvres au Canada.
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