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Photographie + Performance : Point (Autriche-États-Unis-Canada)


4 mars au 10 avril 2004
Vito Acconci, Max Dean, General Idea, Suzy Lake, Arnulf Rainer, Paul Wong
Commissaires: Michèle Thériault et France Choinière

Ce printemps, Dazibao présente un projet spécial en trois parties intitulé Photographie et Performance : POINT & SHOOT, dont les commissaires sont Michèle Thériault et France Choinière. Cet événement réunit plusieurs artistes dans une exposition en deux volets ainsi qu’une journée de performance intitulée La lumière comme surmoi, organisée en collaboration avec Sylvie Cotton.

Les liens entre photographie et performance remontent à presque aussi loin que l’origine même des deux disciplines. Tout comme poser pour une photographie a évolué, des pratiques artistiques, souvent expérimentales, se sont développées sur et autour des limites du photographique. POINT & SHOOT présente des œuvres offrant, dans un certain continuum, différents rapprochements entre photographie et performance, débutant tout juste au delà de ce qui serait le lien le plus évident : la photographie comme document de la performance. Sans recourir à une forme historique, le premier volet de cette exposition réunit des travaux d’artistes reconnus internationalement, de précurseurs ayant marqué ce rapport entre l’acte performatif et la photographie.

Compte tenu du caractère éphémère de la performance et de la fonction documentaire souvent attribuée à la photographie — ou à toute image enregistrée —, plusieurs œuvres associant les deux disciplines témoignent d’un certain glissement, voire d’une mutation, de la fonction documentaire de l’image. Par exemple, In Ten Sity (1978) de Paul Wong consiste en une performance dérangeante et provocante à laquelle les spectateurs n’ont accès que par le truchement d’écrans de télévision. Dès sa manifestation première, la performance est ici médiatisée : l’image enregistrée étant nécessaire autant à la pérennité de l’œuvre qu’à sa logique interne. L’œuvre de Max Dean, Pass It On (1981), opère sous un mode similaire : les participants, invités à prendre un bain dans une pièce aménagée d’une baignoire et d’une horloge intégrant une caméra Polaroid, pouvaient récupérer à leur sortie des images d’eux, à la fois œuvres et documents. Dans les années soixante-dix, Vito Acconci a produit un remarquable corpus d’œuvres filmiques et vidéo conceptuelles qui s’appuyaient sur la performance et dans lesquelles il engageait un intense dialogue entre l’artiste et le spectateur, le corps et le moi, le public et le privé, le sujet et l’objet et, surtout, avec ces médiums mêmes. Ces performances d’Acconci n’existent que par et n’ont de sens que par l’image enregistrée, ses paramètres, son défilement, etc.

Le trio connu sous le nom de General Idea a fait de lui-même le cœur d’un empire ironiquement médiatique qu’il a construit et, littéralement, performé. Manipulating the Self (1973) consiste en un projet d’art postal où des individus étaient invités à se photographier en suivant des instructions précises: “passez votre bras sur votre tête, en plaçant vos coudes vers l’arrière et en agrippant votre menton avec les mains…Vous êtes pris, et prenez”. Les clichés ainsi obtenus ont ensuite été assemblés en affiche, dont la forme n’est pas sans rappeler les pages “nouvelles du jet set” de certains magazines.

L’auto-représentation semble une autre manifestation où spontanément performance et photographie se chevauchent. Dans Face Farces (1968-1972), Arnulf Rainer joue pour l’appareil photo et devient le violent sujet d’une photographie qui est ensuite effacée, lacérée et égratignée. Combinant dessin, altérations de la surface et photographie, Rainer a démontré l’usage du langage corporel, tant en posant pour la photographie que dans l’agression subséquente des images, comme forme d’expression artistique. Suzy Lake, pour sa part, fut parmi les premières artistes femmes à recourir à la performance, à la vidéo et à la photographie pour explorer la politique des rôles sexuels. Ses premières œuvres, produites dans les années 1960 et 1970, avaient déjà recours à des dispositifs comme l’invention de personnages et ont directement influencé des artistes comme Cindy Sherman, Lisa Steele et Barbara Kruger. Outre sa contribution significative au développement d’un art féministe et engagé, tendue entre l’auto-représentation et l’incarnation de différentes personnalités répondant à certains clichés, la série Co-Ed Magazine (1973) témoigne de cette tangente importante des pratiques photographiques récentes où l’artiste performe pour la caméra.

Issues d’une période où les pratiques photographiques, de même que toutes celles relatives à l’image enregistrée, se développaient à une vitesse fulgurante, non sans de nombreux questionnements sur le médium lui-même, d’une période ou la performance était l’une des formes d’art les plus novatrices, les œuvres réunies pour ce premier volet d’exposition “pointent” des problématiques qui continuent d’informer les œuvres actuelles d’artistes investiguant ces liens entre photographie et performance.


Dazibao remercie les artistes de même que M. Roger Bellemare, Display Cult (Jim Drobnick, Jennifer Fisher), Electronic Arts Intermix, Susan Hobbs Gallery, M. Roger Renaud, M. David Tomas et Video Out de leur collaboration; Suzy Lake est représentée par Paul Petro Contemporary Art.




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