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  • Bas Jan Ader, I'm too sad to tell you

    Bas Jan Ader, I’m too sad to tell you

  • Bas Jan Ader, Fall l

    Bas Jan Ader, Fall l

  • Bas Jan Ader, Fall (organic)

    Bas Jan Ader, Fall (organic)

  • Bas Jan Ader, Fall ll

    Bas Jan Ader, Fall ll

  • Bas Jan Ader, Nightfall

    Bas Jan Ader, Nightfall

  • Gravité, Bas Jan Ader (2009)

    Gravité, Bas Jan Ader (2009)

  • Gravité, Bas Jan Ader (2009)

    Gravité, Bas Jan Ader (2009)

  • Gravité, Bas Jan Ader (2009)

    Gravité, Bas Jan Ader (2009)


GRAVITÉ


Bas Jan Ader


Vernissage le jeudi 8 janvier à 17 h
L’exposition est présentée du 8 janvier au 21 février 2009

La galerie est ouverte du mardi au samedi de midi à 17 h

Le 8 janvier à 17 h 30, en complément à l’exposition Gravité, Dazibao présente des performances des artistes Tessa Windt, Sophie Castonguay et The Cedar Tavern Singers AKA Les Phonoréalistes.

Bas Jan Ader ou la quête d’un art conceptuel existentialiste

Gravité d’un corps en chute. Gravité des émotions. Quatre très courts films projetés en boucle montrent Bas Jan Ader en chute, tentant de défier la gravité : Fall 1 (Los Angeles), Fall 2 (Amsterdam), Geometric Fall et Organic Fall. Les performances de Ader, créées pour la caméra, suscitent un état d’attente et de contemplation laissant le spectateur à l’affût du moment où il abdiquera de son pouvoir sur la gravité. À ces images de corps en chute, s’ajoutent deux œuvres se jouant de la gravité sur un tout autre registre, la célèbre I’m Too Sad To Tell You qui révèle un gros plan de l’artiste en pleurs ainsi que Night Fall. Dans toutes ces œuvres, Ader nous fait complices d’une tragédie dont il est le héros et que nous échouons à prévenir.

L’œuvre de Ader ferait se rencontrer une représentation historique du romantisme classique et sa représentation vernaculaire dans la culture populaire contemporaine, passant du sublime au banal : un peu comme si la rhétorique pure était démantelée puis restaurée en expérience ordinaire. Par des stratégies conceptuelles, Ader recadre, sans jamais chercher à les valider, les motifs clefs du romantisme. En fait, Ader s’attache à rendre une représentation générique des sentiments du romantisme par l’expérience conceptuelle de leur mise en scène, avec cette particularité que tous ces clichés de la quête romantique, Ader ne les décrit pas ou n’essaie pas d’en livrer l’essence par le biais d’une interprétation, il les expérimente vraiment. L’œuvre de Ader n’est pas tragique, elle est au sujet de l’idée du tragique : entre le désir et le doute, l’expérience et la spéculation, l’artiste scrute d’un point de vue critique cette dite authenticité romantique de sorte que l’idée génère l’œuvre. Ainsi, même les idées les plus tragiques, les plus lourdement connotées sur le plan émotif, sont mises en images avec une logique implacable, voire absolue. Anti-subjectives, même iconoclastes, les œuvres de Ader démontrent cependant à quel point l’art conceptuel est redevable à l’esthétique du sublime, à cette idée de l’expérience du sentiment plutôt que de sa représentation. Les motifs et même les supports à l’image qui, s’ils ne sont pas carrément nostalgiques sont, disons, non-contemporains, amplifient ce lien à l’esthétique du sublime. Assez curieusement en ce sens, l’œuvre de Ader se retourne dès lors sur elle-même, encourageant une sorte de culte romantique de l’objectivité de l’art conceptuel.

Pourtant, par l’expérience conceptuelle du geste posé pour vrai, Ader réussit à faire jaillir une vérité émotionnelle de l’idée du romantisme, sans les entraves de l’héroïsme. L’artiste propose une logique du climax dramatique qui, évacuant toute interprétation psychologique, atteint un degré existentiel. Ainsi, dans la vérité de l’action abordée d’une manière conceptuelle, l’œuvre de Ader se révélerait existentialiste. Le fait que l’artiste s’attribue le rôle du protagoniste, de celui qui pose le geste, ajoute au caractère existentialiste de l’œuvre mais ouvre aussi sur un autre retournement, voire paradoxe, concernant Ader. Sa mort tragique, d’une aura exceptionnelle, souvent traitée comme sa dernière performance, sa grande finale non médiatisée, validerait l’œuvre d’une ultime authenticité héroïque l’engloutissant dans une sorte d’apothéose du romantisme… ce qui a spécifiquement été le sujet critique de toute l’œuvre de l’artiste.

Comme quoi la secousse et la douleur de la chute ne pourraient être sous-estimées dans cet acte de tomber qui laisse entrevoir une sorte de répétition à mourir.

France Choinière


Bas Jan Ader (1942-1975) est d’origine hollandaise. Il s’établit en Californie en 1963, suite à un périple de onze mois en bateau en provenance du Maroc. À son arrivée aux États-Unis (Los Angeles), Ader étudie l’art au Otis College of Art and Design et la philosophie au Claremont Graduate School où il y a également enseigné. Ader s’est considérablement impliqué dans la communauté artistique californienne par sa participation à des séminaires, son enseignement dans différentes institutions, dont l’Université de Californie, et ses nombreuses expositions. La carrière artistique de Ader s’est principalement déroulée entre 1970 et 1975, période particulièrement féconde pour l’artiste et qui a donné lieu à de nombreuses présentations de ses œuvres tant aux États-Unis qu’en Europe. Comme plusieurs des artistes conceptuels de son temps, Ader s’est intéressé à la relation entre l’art et la vie et cette très courte période de production intensive a laissé place à un corpus significatif de l’histoire de l’art. C’est au début des années 1970 qu’il s’investit dans l’étude de la force gravitationnelle avec sa très connue série de vidéos-performances Fall. Chaque action performative est soigneusement documentée, l’œuvre n’existant que dans sa médiatisation, soit vidéo ou photographique. Disparu tragiquement en mer en 1975, alors qu’il traversait l’Atlantique à bord d’un minuscule voilier, l’artiste a laissé une œuvre marquante dont l’influence conceptuelle est particulièrement prégnante actuellement.

Depuis les dix dernières années, l’influence de Ader est de plus en plus reconnue. Son œuvre a abondamment été diffusée, notamment au Mexique, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et aux États-Unis. En 2007, le Camdem Arts Centre (Londres) et le Museum Boijmans (Pays-Bas) lui consacrait une rétrospective. Gravité est la première exposition d’ampleur dédiée à Bas Jan Ader au Canada depuis 1973, alors que le Nova Scotia College of Art and Design, un terrain fertile de l’art conceptuel au Canada, présentait ses œuvres récentes.

Gravité est une exposition préparée par France Choinière pour Dazibao, centre de photographies actuelles et présentée en collaboration avec Patrick Painter Editions et le Bas Jan Ader Estate.

Programme de performances
Le soir du vernissage, le 8 janvier à 17 h 30

Tessa Windt, An Ocean From Your Eyes

L’artiste d’origine canadienne Tessa Windt, maintenant établie aux États-Unis, offre une performance qui à la fois répond au travail de Bas Jan Ader et le rappelle. Elle utilise des motifs propres à Ader (la nostalgie, l’absence, l’eau) afin de susciter l’expérience de la perte dans toute sa gravité.

Sophie Castonguay, Tu m’enlèves les mots de la bouche

L’artiste montréalaise Sophie Castonguay propose une performance dans laquelle elle agit à titre de metteur en scène et où le public devient émetteur. L’artiste s’accorde le plein pouvoir sur la mise en scène, provoquant des moments d’attente et décidant du rôle de chacun. Par cette performance, elle met en évidence l’impossibilité d’évacuer l’absence.

The Cedar Tavern Singers AKA Les Phonoréalistes chante Bas Jan Ader

Ce duo musical en provenance de l’Alberta est composé de Mary-Anne McTrowe et Daniel Wong. Inspirés par l’art conceptuel, ils composent des chansons folk qui deviennent une sorte de manuel d’histoire de l’art chantant. Pour cette performance, le duo canadien a créé quatre pièces qui chantent Bas Jan Ader.




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