loading...
  • (no description)

  • (no description)

  • (no description)

  • (no description)


Mémoire morte, mémoire vive (États-Unis-Canada)


7 mars au 6 avril 2002
Eric Cameron, Vid Ingelevics, Vik Muniz

Mémoire morte, mémoire vive réunit le travail de trois artistes majeurs autour d’une exploration de la photographie à partir de la notion de mémoire et d’artefact. Pratiquant chacun une forme obsessive de préservation et de transformation, les artistes travaillent l’image photographique, la redessinant de mémoire (Vik Muniz), l’ensevelissant sous la glace (Vid Ingelevics) ou l’enfouissant sous plusieurs couches de peinture (Eric Cameron). Finalement, par ce processus de révélation et de dissimulation, les images originales sont embrouillées et transformées, pour dévoiler leur fragilité inhérente.

Au printemps de 1979, Eric Cameron commence à peindre des objets quotidiens qui se trouvent dans son appartement : un soulier, un réveil matin, deux homards. Sur ces objets, il applique en alternance des couches de gesso blanc et gris. Il peint un côté de l’objet, le laisse sécher, puis peint l’autre côté; il note toutes les applications. Vingt-trois ans plus tard, Cameron poursuit toujours ce processus. Des centaines de couches se sont transformées en milliers de couches et les œuvres, intitulées Thick Paintings (to be continued), sont devenues des formes sculpturales imprévisibles. Dans Thick Painting: Exposer/Cacher : Salima Halladj, l’objet utilisé est un rouleau de film exposé mais non développé, sur lequel Cameron a photographié les douze orifices du corps féminin. Un projet similaire, portant le titre de Thick Painting : Exposed/Concealed: Laura Baird, inclut dix rouleaux de film non développés que l’artiste a commencé à recouvrir de peinture entre 1994 et 1996. Les numéros II, III et IV sont présentés à Dazibao.

La reconnaissance de Vik Muniz est due en grande partie à l’usage de matériaux non conventionnels – le chocolat, la ficelle, le sucre, la terre – qu’il déploie fréquemment dans sa fabrication d’images. Bien que la photographie soit le produit final de l’œuvre, chaque photo représente un dessin créé par Muniz et qui ressemble lui-même à une autre image. Les photographies tirées de la série Best of Life (1988-1990) qui sont présentées à Dazibao, comptent parmi les premières œuvres de Muniz. De mémoire, l’artiste a dessiné des images connues provenant du magazine Life : un portrait de JFK junior, l’exécution d’un suspect Viêt-cong à Saigon, le premier homme sur la lune. Sur une période de deux ans, il est retourné aux dessins quand des détails lui revenaient à l’esprit, ajoutant des couches, effaçant, coupant et collant. Il a ensuite photographié ses dessins au plomb, et les a imprimés en demi-tons. Sous les multiples couches de mémoire et de reproduction, les photographies ressemblent à des images familières que nous connaissons et dont nous nous souvenons, cependant elles recèlent aussi une couche de subversion où l’artiste encourage les regardeurs à faire preuve de scepticisme à l’égard de l’authenticité, de la mémoire et de la perception.

Le travail de Vid Ingelevics s’est longtemps intéressé au rôle médiateur de la photographie dans notre compréhension du passé. Sa première installation, Museum of Man (1987), avait recours au musée comme métaphore visuelle de la mémoire perdue. Dans ses projets ultérieurs, il a continué à explorer les relations entre la photographie, les musées, les archives et les questions identitaires. Les photographies exposées à Dazibao proviennent de deux séries d’œuvres connexes qui portent toutes deux le titre d’Ice Age (1994 et 1996-1998). Dans le premier corpus, des photographies commandées par l’artiste aux archives du Deutsches Museum à Munich ont été recouvertes de glace et rephotographiées. La deuxième série de photographies montre différents types de supports d’enregistrement enfouis dans des blocs de glace. Ces images à peine visibles de rubans de film, de vidéo et de son, de défunts disques durs informatiques et la glace elle-même deviennent, à divers niveaux, des métaphores de la fragilité du document restant ou de la “trace”.


Eric Cameron est né à Leicester, en Angleterre, en 1935. Il a enseigné à l’Université Leeds, en Angleterre, avant de déménager au Canada en 1969 pour diriger le département des arts plastiques à l’Université de Guelph. Il a enseigné au département des arts plastiques, qu’il a aussi dirigé, Nova Scotia College of Art and Design de 1976 à 1987 et exerce les mêmes fonctions à l’Université de Calgary depuis 1987. Son importante carrière nationale et internationale inclut des expositions personnelles à la Hatton Gallery, à Newcastle en Angleterre (1999); au Musée des beaux-arts de l’Ontario à Toronto; à la Deacon Ulrich Fine Arts, à Calgary; à la Muttart Public Art Gallery, à Calgary; à la Tate Gallery St. Ives, en Angleterre; à la Leeds City Art Gallery en Angleterre (1998). Depuis 1979, l’art de Cameron et les écrits théoriques qui les accompagnent se sont concentrés sur ses Thick Paintings (to be continued).

Vid Ingelevics est né en 1952 à Toronto. En tant qu’artiste et commissaire, il a poursuivi ses intérêts pour le rôle de la photographie dans la représentation historique et sa fascination pour l’espace public de Toronto où il habite. Son travail a été présenté à travers le Canada et en Europe, avec des expositions personnelles à la Stephen Bulger Gallery à Toronto (2001); à la Koffler Gallery à Toronto (2000); à l’Hôtel de Ville de Toronto (1999); à la Gallery TPW à Toronto (1996) et au Musée national de photographie à Riga en Lettonie (1994). Parmi ses projets récents à titre de commissaire, mentionnons Gift Shop, commandée et présentée par la Winnipeg Art Gallery (2000), et son important projet fait à partir d’archives, Camera Obscured: Photographic Documentation and the Public Museum (1997-2000), commandé et présenté par la Photographer’s Gallery à Londres, et mis en circulation à travers le Canada.

Vik Muniz est né 1961 à São Paulo, au Brésil, et a émigré aux États-Unis en 1983. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions en Amérique du Nord et à l’étranger, dont des expositions personnelles au Whitney Museum of American Art à New York; au Museu de Arte Moderna à Salvador au Brésil; au Museu de Arte Moderna à Rio de Janeiro au Brésil (2001); au Musée de l’Élysée à Lausanne en Suisse (2000); au Centre National de la Photographie à Paris; au Museum of Contemporary Photography à Chicago (1999). En 1998, l’International Center of Photography NYC montait une rétrospective couvrant dix ans de son travail. Il a participé à la Bienal Internacional de São Paulo au Brésil en 1998 et en 2001. C’est la première fois que le travail de Muniz est présenté au Canada. Vik Muniz vit et travaille à New York.




|